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LaRépublique dominicaine est le premier partenaire commercial de la France dans les Caraïbes, et son second client (après Cuba). Les échanges commerciaux avec les collectivités françaises des Amériques (CFA) progressent et s’élèvent à 13,6 M€ en 2019. Ils représentent 4,6% des échanges bilatéraux franco-dominicains.
LeMexique, Cuba et les Canaries font leur entrée dans la production, tandis que la République Dominicaine devient une destination phare Nos bureaux sont fermés du 01/08 au 21/08. Retour de
Desnouveautés. À Santo Domingo : le futur Vista Golf (parcours 18 trous signé Greg Norman), à 6 km de la capitale, fera partie d’un complexe touristique avec des restaurants, un parc aquatique, des piscines, des aires de jeux pour enfants et un parc écologique. Un grand jardin parfait pour des cours de fitness et de yoga complètera l
Ladistance Paris République dominicaine est de (7182) km. Utilisez le formulaire de recherche pour trouver les distances entre les villes en France, en Europe ou partout dans le monde. calcul itinéraire et distance ⇢ Himmera distances - © Himmera.com
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Pour des vacances à la fois reposantes et divertissantes, la République dominicaine sera une destination idéale pour vous ! Avec des températures oscillant entre 20 et 30° toute l’année et une température de la mer entre 26° et 29°, aucun doute vous apprécierez la baignade. Les plages sont nombreuses et idylliques et pour vous aider à choisir, nous vous avons fait une sélection des plus belles plages de l’île. Pour une détente totale avec tout le confort nécessaire et de nombreuses activités comme le jet ski ou le paddle, privilégiez les côtes de Punta Cana. En revanche, si vous êtes adeptes de nature sauvage et préservée, le nord et le sud-ouest sauront vous séduire comme la baie de Las Aguilas dans la région de Barahona. La République dominicaine n'est pas forcément réputée pour ses fonds marins, mais grâce à ses eaux cristallines et sa situation idéale dans les Caraïbes, on peut y faire de belles sorties plongée et snorkeling. Pour les sportifs aimant le kitesurf et le windsurf, c’est la côte Nord exposée aux alizés et donc propice à ces sports nautiques qu'il vous faut privilégier et notamment Cabarete ou Las Terrenas qui sont des spots connus mondialement grâce à leurs conditions de navigation parfaite ! Voir plus Les plus belles plages Que voir en République dominicaine ? Activités et excursions Cartes touristiques Les plus belles plages Visite virtuelle Punta Cana Pas de doute, il s'agit bien d'une des plus belles plages du monde avec ses eaux turquoise, son sable blanc et ses cocotiers. Elle est très prisée des touristes qui y sont nombreux d'autant plus que de nombreux hôtels se sont construits le long de cette plage qui offre de nombreux bars et restaurants. Cayo Levantado Samana Cayo Levantado est un îlot paradisiaque au large de Samana aussi appelé Bacardi Island. Les dominicains affirment que c’est la plus belle île de la République dominicaine. De nombreuses excursions existent depuis Samana et la traversée se fait en 20 minutes maximum. Sur place deux plages se partagent la vedette La Playa Grande et La Playa Honda, toute les deux sont digne de cartes postales sable fin, eaux cristallines et cocotiers ! Une partie de l’île est réservé aux clients de l’hôtel de luxe Gran Bahia Principe mais vous pourrez largement profiter du reste de l’île, de ses sentiers bucoliques, de ses plages et des points de vues privilégiés pour admirer les baleines à bosse entre janvier et mars ! Sosùa Puerto Plata À environ 25 km de Puerto Plata et à quelques kilomètres de Cabarete, Sosua a un emplacement privilégié. Sa plage est à l’image de sa ville nichée dans une baie en forme de U, une palette de bleu et turquoise sur une bande de sable blanc. Les plongeurs seront heureux de découvrir des trésors marins tels qu’Airport Wall tunnels sous-marins, ZingaraWreck bateau de naufrage ainsi que les récifs coralliens des environs. Sur place, de nombreux petits restaurants vous proposent une cuisine locale. Vous pouvez également réserver des parasols et des transats. Les offres du moment Playa Dorada Puerto Plata À environ 30 minutes de la plage de Sosua, la plage de Dorada est tout aussi belle que la plage précédente aux caractéristiques identiques. Sur place il y a plus d’infrastructures des restaurants, des hôtels, des bars et discothèques ainsi que des terrains de golf avec une vue imprenable ! Las Aguilas Barahona/Pedernales L’accès à cette plage se mérite à deux heures de route de Barahona, il vous faudra rejoindre Cabo Rojo et rejoindre par bateau ou barque cette plage. Protégée par le parc National de Jaragua, il n’y a ni toilettes, ni restaurants ni aucune infrastructures ; il faut donc être prévoyant ! Mais la difficulté d’accès à cette plage l’a rend calme, belle et propre un joyau ! Une eau chaude, calme et peu profonde, que du bonheur ! Bavaro Punta Cana Idéalement située, à seulement 20 minutes de l’aéroport de Punta Cana, la plage de Bavaro ressemble à un paradis pour les amoureux du tout à portée de mains »! Des dizaines d’hôtels, de restaurants, de boutiques et de plages privées se sont implantés sur ses 48 km de bande de sable blanc. L’endroit reste idyllique malgré les infrastructures à proximité. Playa Rincon, Las Galeras Souvent considérée comme l’une des 10 plus belles plages au monde, la Playa Rincon vaut le détour. À environ dix minutes du village de Las Galeras au bout d’une piste de terre rocheuse, cette plage est accessible uniquement en 4x4 ou buggy. Située dans une baie encore peu développée, mais où quelques activités sont possibles sur place des balades à cheval et la pratique du bodysurf dans les déferlantes vagues qu’offre la baie. Punta Rucia A l’abri du tourisme de masse, ce petit village de pêcheurs a su garder toute son authenticité et ses barques colorées qui lui donnent un charme fou ! Ici, le rythme est dominicain et on profite de l’instant présent en toute simplicité. Osez un pique-nique sur le sable chaud de la superbe plage de l’Ensenada et profitez d’être dans la région pour découvrir le Parc National De Estero Hondo, qui abrite une colonie de lamantins que vous pourrez découvrir à bord de votre canoë-kayak. Playa Colorada, Las Galeras Discrétion assurée, la Playa Colorada est un véritable coin de nature préservée. Pour rejoindre ce paradis, passez par le village El Frances et garez-vous en bordure de la forêt tropicale. Marchez pendant une trentaine de minutes dans une végétation luxuriante puis vous accèderez à la Playa Colorada. Sur place, il y a une plage privée et une plage publique sans aucune infrastructure. Les eaux sont profondes, idéales pour nager, car le site n’est pas protégé par la barrière de corail. Playa Grande, Rio San Juan Considérée comme l’une des plages les plus grandioses du pays, la Playa Grande porte bien son nom plus de 1,6 km de sable doré, de mer translucide et de cocotiers. Sur place, on trouve de nombreux équipements qui ont su garder une âme dominicaine. Les différentes casitas colorées proposent des chaises longues, des Bodyboards, du surf ou des équipements pour le snorkeling. Les courants sont propices à la pratique du surf qui fait de la plage de Playa Grande, un spot privilégié de la côte d’Ambre. Playa Diamante, Cabrera Située sur la côte nord, Playa Diamante est une très belle plage composée d’une anse qui s’enfonce dans la côte, ce qui lui donne un charme fou. Idéale pour les enfants qui ont pied longtemps, la plage est protégée par une végétation tropicale, idéale pour se protéger du soleil. Playa Coson, Las Terrenas Dans le prolongement de la playa Bonita, la Playa Coson est une immense plage de sable blanc bordée d’une cocoteraie. Les vagues sont assez importantes, idéales pour le sport de glisse. Après une séance de surf ou body-surf et si vous avez un petit creux, rendez-vous chez Luis, un restaurant qui vous sert les pieds dans le sable des plats locaux langoustes, poulpes et autres poissons grillés pour un prix très attractif ! Playa Saona L’île de Saona est la plus grande île du pays avec une superficie de 130 km² ; vous y accédez par bateau généralement depuis Bayahibe. L’île possède de longues plages de sable blanc sur plus de 22 km. Vous débarquerez directement sur la plage de Saona, une longue plage de sable blanc translucide, comme toutes celles de l’île. Il y a uniquement deux petits villages de pêcheurs Adamanay et Mano Juan dont leurs petites maisons colorées peintes à la chaux donnent un charme typique à l’île. La Perle des Caraïbes » est à l’abri des vents et elle fait partie de la zone protégée du parc national de l’Est où vous pourrez admirer lors d’excursions des dauphins, des tortues et de nombreux oiseaux tropicaux. Playa Ermitaño, El Limon Cette plage pittoresque est accessible uniquement par bateau, après une petite heure en mer vous découvrez un endroit sauvage, vierge, d’une grande beauté ! La plage est bordée de cocotiers, idéal pour se protéger du soleil. Il n’y a aucun restaurant sur place, pensez donc à apporter un pique-nique. La Playita, Las Galeras Accessible à pied à environ 15 minutes depuis le village de Las Galeras, cette petite plage » longue de 300 mètres environ est d’une beauté rare. Bordée sur un côté par des falaises, c’est une plage abritée avec une superbe vue. Sur place, vous trouverez des restaurants, des locations de transats et de parasols. L’eau est turquoise et le sable blanc, idéal en famille, c’est une plage typique » de la République dominicaine. Playa La Ensenada, Punta Rucia Au Nord de l’île, proche de la ville de Punta Rucia et du parc d’attractions, se trouve la plage d’Ensenada au cœur d’un lagon ; l’eau y est turquoise et son sable doré. C’est une plage très animée, principalement les week-ends et pour cause, une cinquantaine de jolies paillotes colorées proposent des déjeuners locaux à prix imbattable, des cocktails, des poissons grillés et bien sûr des couchers de soleil fabuleux. Playa El Vallé, Samana La Playa El Vallé se trouve sur la côte nord de Samana, située entre deux montagnes. La végétation y est dense et tropicale. Ce petit coin de paradis a des airs de village de Robinson Crusoé où vous pouvez déguster la pêche du jour dans l’un des deux petits restaurants installés directement sur la plage. Appréciez une cuisine dominicaine traditionnelle les pieds dans le sable et entouré de montagnes, serait-ce le paradis ? Cartes des plages Article écrit par Olivia, Journaliste voyages. Publié le 2020-05-01 Vous aimerez aussi Cartes touristiquesCarte des régions, des lieux d'intérêt et des distances en République dominicaine ! Voyages organisésSur mesure, en individuel... Les meilleures offres de voyages en République dominicaine ! Hôtel ou location ?Trouvez votre logement de rêve en République dominicaine au meilleur prix... Quand partir ?Pour être sûr de partir en République dominicaine à la meilleure saison !
Introduction 1 Le quotidien haĂŻtien Le National, dans un article publiĂ© en ligne le 1er octobre 2017, titrait Les ressortissants haĂŻtiens interdits de se faire soigner dans des hĂ´pitaux publics en RĂ©publique dominicaine ». Selon cette publication, les importantes dĂ©penses publiques engrangĂ©es par l’utilisation des structures de soins dominicaines par des Ă©trangers, notamment des femmes haĂŻtiennes enceintes, seraient Ă l’origine de la dĂ©cision de ne plus prendre en charge gratuitement celles venues accoucher en RĂ©publique dominicaine. Un renforcement du contrĂ´le frontalier de la RĂ©publique dominicaine aurait conduit Ă l’arrestation et au rapatriement, le 16 septembre 2017, de 40 ressortissants haĂŻtiens. Ces informations relayĂ©es par la presse haĂŻtienne font Ă©cho Ă celles diffusĂ©es par certains journaux dominicains qui dĂ©noncent de manière rĂ©currente la prise en charge par les hĂ´pitaux publics dominicains des d’origine haĂŻtienne et l’impact subsĂ©quent sur le système de santĂ© Acosta, 2017 ; Diario Libre, 2017 ; Le National, 2017 ; Luna, 2017 ; Luna, Santana, RodrĂguez, & Durán, 2017 ; Rivadulla, 2017 ; Saint-PrĂ©, 2017, 2018 ; Santiago Santana, 2017. 2Bien que la question de l’utilisation des services de santĂ© par des HaĂŻtiens en RĂ©publique dominicaine soit très largement rapportĂ©e dans certains mĂ©dias dominicains, il existe peu de travaux scientifiques en HaĂŻti et en RĂ©publique dominicaine sur le recours transfrontalier aux soins de santĂ©. Plusieurs auteurs soulignent nĂ©anmoins l’existence d’une mobilitĂ© transfrontalière plus ou moins intense dans le domaine de la santĂ© Dilla Alfonso, 2004, 2007, 2011 ; Dilla Alfonso et al., 2010 ; Guerrero, Donastorg, & de los Santos, 2014. Cependant, aucune mesure de celle-ci ne semble ĂŞtre disponible Ă l’exception des statistiques peu dĂ©taillĂ©es produites par le Ministère de la SantĂ© publique MSP sur l’utilisation des services de santĂ© dominicains par les Ă©trangers. De plus, les motifs d’une telle mobilitĂ© sont rarement analysĂ©s. Pour certains, la carence de services en HaĂŻti serait Ă l’origine de ce recours Dilla Alfonso, 2011 ; Guerrero et al., 2014 ; Poschet El Moudden, 2006 ainsi que la gratuitĂ© des soins en RĂ©publique dominicaine Guerrero et al., 2014. Cette mobilitĂ© s’inscrit par ailleurs dans la dynamique des relations entre Ouanaminthe HaĂŻti et DajabĂłn RĂ©publique dominicaine Dilla Alfonso, 2004. Pourtant, traverser la frontière, mĂŞme aux points de passage officiels, peut s’avĂ©rer compliquĂ© pour les En effet, plusieurs auteurs soulignent des pratiques abusives et agressions physiques ou verbales dont sont victimes les HaĂŻtiennes le plus souvent et les HaĂŻtiens Ă la frontière Murray, 2010a ; Petrozziello & Wooding, 2014 ou au marchĂ© dit binational » de DajabĂłn. Comment alors expliquer, dans un environnement empreint de tensions et d’agressivitĂ©, cette mobilitĂ© transfrontalière en santĂ© ? Quels sont les dĂ©terminants du recours transfrontalier aux soins ? Ă€ quelle Ă©tape de son itinĂ©raire thĂ©rapeutique, le patient dĂ©cide de se faire soigner en RĂ©publique dominicaine ? Quel est le profil des personnes qui se rendent en RĂ©publique dominicaine pour des soins ? 3Cette recherche se situe dans la lignĂ©e des travaux effectuĂ©s sur la mobilitĂ© transfrontalière en santĂ©, notamment entre pays Ă faible revenu ou entre pays Ă©mergents Bochaton, 2015 ; Dione, 2013 ; Kangas, 2007 ; Ormond & Sulianti, 2017. Elle explore Ă partir d’entretiens l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique de d’origine haĂŻtienne N=21 se rendant Ă DajabĂłn RĂ©publique dominicaine pour des soins. La recherche vise Ă cerner les motifs du recours aux soins transfrontaliers, ainsi que les facteurs et acteurs influençant la prise de dĂ©cision. Ă€ la suite d’une revue de littĂ©rature sur la mobilitĂ© transfrontalière, un bref portrait de la frontière haĂŻtiano-dominicaine avec un accent particulier sur le doublet Ouanaminthe-DajabĂłn est dressĂ©. Puis, la mĂ©thodologie et les principaux rĂ©sultats sont prĂ©sentĂ©s et discutĂ©s. De la notion de mobilitĂ© transfrontalière et ses dĂ©terminants 4La littĂ©rature sur la mobilitĂ© internationale des est plutĂ´t dense ; elle tĂ©moigne de l’ampleur et de la diversitĂ© du phĂ©nomène Ă l’échelle mondiale. Ces dĂ©placements Ă des fins thĂ©rapeutiques soulignent, Ă certains Ă©gards, les disparitĂ©s entre pays dans l’offre de soins ; des disparitĂ©s que la mondialisation de la santĂ©, bien qu’ayant contribuĂ© Ă une certaine uniformisation des pratiques et des traitements, n’a pas su enrayer Bochaton, 2009 ; Fassin, 2001. Elles s’inscrivent dans le processus en cours de la marchandisation des soins de santĂ© tout en mettant l’accent sur des pratiques individuelles transnationales qui tendent Ă une certaine reconfiguration des systèmes de santĂ©. En d’autres termes, la mobilitĂ© des patients et patientes remet en question le principe de territorialitĂ© sur lequel est construit le système de santĂ© Durham, 2017 ; Glinos, Baeten, Helble, & Maarse, 2010. 5Le recours aux soins de santĂ© au-delĂ des frontières nationales concerne autant les pays Ă haut revenu que ceux Ă moyen et faible revenu, avec des particularitĂ©s selon le contexte, les situations migratoires, les caractĂ©ristiques socioĂ©conomiques et culturelles Laugesen & Vargas-Bustamante, 2010. Les rĂ©sultats des diffĂ©rentes Ă©tudes portant sur la question soulignent la diversitĂ© des flux 1 tourisme mĂ©dical », appellation controversĂ©e caractĂ©risant notamment les flux de pays Ă revenu Ă©levĂ© vers ceux Ă plus faible revenu Bochaton & Lefebvre, 2008 ; Connell, 2015 ; 2 retours mĂ©dicaux » medical returns en anglais des immigrants vers leur pays d’origine Bergmark, Barr, & Garcia, 2010 ; De Jesus & Xiao, 2013 ; Glinos, Doering, & Maarse, 2012 ; Horton & Cole, 2011 ; Lee, Kearns, & Friesen, 2010 ; 3 voyages mĂ©dicaux de patients et patientes de pays Ă faible revenu vers des pays Ă©mergents ou Ă faible ou moyen revenus Kangas, 2007 et/ou disposant d’une offre mĂ©dicale attrayante technologie dĂ©veloppĂ©e, services spĂ©cialisĂ©s, etc. ; 4 mobilitĂ© transfrontalière caractĂ©ristique des dynamiques entre pays se partageant une frontière Allen, 2013 ; Bochaton, 2009 ; Byrd & Law, 2009 ; Caggiano, 2007 ; Dione, 2013 ; Durham, 2017 ; Liberona Concha, Tapia Ladino, & Contreras Gatica, 2017. 6Les motifs Ă l’origine de ces dĂ©placements sont multiples. Des variations peuvent ĂŞtre notĂ©es selon la zone d’étude, la direction des flux ou les caractĂ©ristiques socioĂ©conomiques des personnes concernĂ©es. NĂ©anmoins, il ressort que la disponibilitĂ©, l’accessibilitĂ© Ă©conomique ou financière, la familiaritĂ© et la perception de la qualitĂ© des services influencent la prise de dĂ©cision Glinos et al., 2010. L’attractivitĂ© des soins et la proximitĂ© peuvent, en contexte frontalier, gĂ©nĂ©rer une polarisation des flux Bochaton, 2009 ; Dione, 2013. Plusieurs Ă©tudes soulignent par ailleurs le poids des rĂ©seaux sociaux, de facteurs ethnolinguistiques dans la dĂ©cision de voyager Bochaton, 2009 ; Durham, 2017 ; González-Vázquez, Torres-Robles, & Pelcastre-Villafuerte, 2013 ou de retourner Ă son pays d’origine Glinos et al., 2012 pour des soins. L’insatisfaction par rapport Ă l’expĂ©rience des soins reçus localement et l’espoir d’une meilleure prise en charge interviennent Ă©galement Glinos et al., 2010 ; Horton & Cole, 2011 ; Liberona Concha et al., 2017 ; Wismar, Palm, Figueras, Ernst, & Van Ginneken, 2011. Ceci entraĂ®ne dans certains cas des itinĂ©raires thĂ©rapeutiques cumulant le recours aux soins Ă l’intĂ©rieur et Ă l’extĂ©rieur de leur pays Lee et al., 2010 ; Sakoyan, 2012. Ces dĂ©placements volontaires de courte durĂ©e, parfois le temps d’une consultation notamment dans le cas de la mobilitĂ© transfrontalière, s’inscrivent dans le processus mis en place par l’individu et/ou sa famille pour rĂ©soudre un problème de santĂ©. 7L’itinĂ©raire thĂ©rapeutique health seeking process, soit le cheminement des personnes dans leur quĂŞte de guĂ©rison surtout quand la maladie est chronique ou rĂ©currente, est sinueux et complexe Benoist, 1993 ; Chrisman, 1977 ; Janzen & Arkinstall, 1995. Il l’est d’autant plus, en contexte de pluralisme mĂ©dical Benoist, 1993 ; Fainzang, 1985 ; Fosso, 2011 ; Janzen & Arkinstall, 1995 ou d’offre de thĂ©rapies alternatives » Marcellini, Turpin, Rolland, & RuffiĂ©, 2000 oĂą coexistent biomĂ©decine, mĂ©decines alternatives et mĂ©decines traditionnelles. Dès lors, l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique peut mobiliser les diffĂ©rents recours disponibles biomĂ©decine, thĂ©rapies ou mĂ©decines alternatives, automĂ©dication, etc. Benoist, 1993 ; Janzen & Arkinstall, 1995 ; Marcellini et al., 2000 ; J. Tremblay, 1995. C’est un mouvement circulaire et continu oĂą le patient articule diffĂ©rents contenus en une mĂ©dicalitĂ© unique» » Fosso, 2011, p. 2. Plusieurs Ă©lĂ©ments interviennent et interagissent tout au long de l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique comme les expĂ©riences passĂ©es, les interactions avec des tiers/pairs, les reprĂ©sentations de la maladie, l’offre de soins, les caractĂ©ristiques socioĂ©conomiques individuelles Chrisman, 1977 ; Fainzang, 1985 ; Fassin, 1990. 8Quelques Ă©tudes s’intĂ©ressant Ă la mobilitĂ© transfrontalière ou transnationale en santĂ© abordent de manière spĂ©cifique l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique des patients en soulignant l’importance du capital social Bochaton, 2009, 2015 ; Durham, 2017 ; Kangas, 2007. Les rĂ©seaux sociaux influencent et interviennent tout au long de l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique Bochaton, 2009, 2015. De manière spĂ©cifique, ils orientent et guident les choix en permettant le partage des informations diverses sur les Ă©tablissements de santĂ©, leur fonctionnement, etc. Ils peuvent aussi appuyer financièrement ou moralement, le cas Ă©chĂ©ant. Bochaton 2009, 2015 montre aussi l’importance du capital spatial, soit de l’expĂ©rience et de la connaissance de la frontière, dans ces dĂ©placements thĂ©rapeutiques transfrontaliers. Quant Ă Durham 2017, il estime que la mobilitĂ© thĂ©rapeutique transfrontalière rĂ©sulte de la capacitĂ© de mobilisation et de l’interaction des rĂ©seaux sociaux et Ă©conomiques et du capital culturel des individus. 9Focaliser sur l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique permet d’explorer les logiques et comprendre le butinage mĂ©dical » Fosso, 2011 des soit le cumul de diffĂ©rentes offres thĂ©rapeutiques. La notion de butinage » est empruntĂ©e Ă un travail d’anthropologie sociale portant sur les pratiques religieuses plurielles au BrĂ©sil Droz, Oro, & Soares, 2014 ; Droz, Soares, Gez, & Rey, 2016 ; Soares, 2009, 2011. Elle permet d’interroger le comportement des individus afin d’en cerner le sens et les logiques sociales qui les sous-tendent. Ceci en tenant compte que le contexte socioĂ©conomique et politique, les particularitĂ©s de la frontière, le fonctionnement des diffĂ©rents systèmes de santĂ© influencent aussi le comportement des individus. Il faut aussi considĂ©rer que les inĂ©galitĂ©s observĂ©es dans l’accès aux soins rĂ©vèlent autant des problèmes d’accessibilitĂ© physique, financière que ceux liĂ©s Ă l’existence d’une offre de soins de qualitĂ© Fassin, 1990. La frontière haĂŻtiano-dominicaine entre asymĂ©trie et interdĂ©pendance Une dynamique frontalière complexe tissĂ©e Ă l’aune d’un passĂ© et d’un prĂ©sent empreints de conflits et de solidaritĂ©s 10HaĂŻti et la RĂ©publique dominicaine sont parmi les rares pays insulaires qui partagent une frontière internationale. L’élaboration et l’inscription de la frontière haĂŻtiano-dominicaine dans l’espace est autant liĂ©e Ă l’histoire coloniale de l’île qu’au processus de formation et de consolidation des deux États-nations Corten, 2011 ; Fouchard, 2017 ; Hector & Hurbon, 2009a ; Moya Pons, 2002, 2009 ; Price-Mars, 1953 ; ThĂ©odat, 2003. En HaĂŻti, la rĂ©volte des esclaves conduit Ă l’indĂ©pendance 1804 et mène Ă la crĂ©ation d’un État anticolonial, anti-esclavagiste et antiraciste ainsi qu’au rejet du système de plantation Hector & Hurbon, 2009b. La RĂ©publique dominicaine prend son indĂ©pendance d’HaĂŻti 1844. De ces trajectoires diffĂ©rentes, rĂ©sulte une double insularitĂ© » ThĂ©odat, 2003 qui se manifeste dans le système sociospatial, dans les rĂ©fĂ©rences culturelles, dans les structures Ă©conomiques et politiques. 11La frontière a Ă©tĂ© tout au long de l’histoire de ces deux pays et ce depuis l’époque coloniale autant une zone de contact qu’une barrière ou une zone de convoitise. Ouanaminthe HaĂŻti et DajabĂłn RĂ©publique dominicaine Ă©mergent d’ailleurs Ă la faveur des pratiques commerciales entre les populations des deux rives de la rivière Massacre et ce, par-delĂ les rivalitĂ©s entre les empires coloniaux français et espagnols. Leur histoire est celle de pratiques de bon voisinage et de coexistence harmonieuse mais aussi celle d’un contentieux historique », le massacre en 1937 en RĂ©publique dominicaine de dizaines de milliers d’HaĂŻtiens plus de trois mille victimes dans la ville de Ouanaminthe selon Jan 1950. Après ce massacre, des tensions naissent dans les relations entre les deux pays avec pour corollaire une diminution dans l’intensitĂ© des Ă©changes transfrontaliers, une sĂ©paration des familles haĂŻtiano-dominicaines. Aujourd’hui, le passage DajabĂłn-Ouanaminthe, l’un des quatre points d’entrĂ©e officiels figure 1 est le deuxième en importance au regard de l’intensitĂ© des flux personnes et biens. Ce poste frontalier est d’ailleurs considĂ©rĂ© comme une plaque tournante des Ă©changes transfrontaliers ThĂ©odat, Mathon, Mathelier, & CassĂ©us, 2003. Figure 1 La frontière haĂŻtiano-dominicaine 12Les donnĂ©es disponibles sur les flux de personnes ne renseignent que sur les contrĂ´les migratoires entrĂ©es et sorties figure 2 et non sur les navettes quotidiennes travail, Ă©cole, approvisionnement, etc. ou les jours de marchĂ©. Le marchĂ© binational » de DajabĂłn accueille deux fois par semaine, les lundi et vendredi, un nombre imposant d’acheteurs haĂŻtiens et dans une moindre mesure de vendeurs Ă cause des contrĂ´les et restrictions de toute sorte rĂ©glementations, exactions, confiscations de marchandises, etc. Ă l’encontre de ces derniers. Le contrĂ´le douanier du cĂ´tĂ© haĂŻtien vis-Ă -vis des marchandises dominicaines est beaucoup moins strict. Il est Ă noter que pour les l’obtention d’un visa est nĂ©cessaire pour traverser la frontière, Ă l’exception des jours de marchĂ© oĂą la traversĂ©e peut se faire librement pour se rendre au marchĂ©. Les frontaliers – les personnes vivant dans la zone frontalière haĂŻtienne – peuvent, s’ils le dĂ©sirent, faire la demande d’un carnet valide un an qui les autorise Ă traverser et mener des activitĂ©s Ă©conomiques petits commerces dans les limites du marchĂ© binational ». Figure 2 Flux migratoires entre les deux pays selon les quatre postes frontaliers 13 Les apports de main-d’œuvre haĂŻtienne Ă l’économie dominicaine datent du dĂ©but du 20e siècle, Ă partir de l’occupation amĂ©ricaine des deux pays. Les immigrants haĂŻtiens reprĂ©sentent, en 2017, 87% de la population immigrante en RĂ©publique dominicaine Oficina Nacional de Estadistica, 2018. Cette forte migration pose par ailleurs la question de l’utilisation des services de santĂ© publique. La proportion d’HaĂŻtiens et HaĂŻtiennes reçus en consultation en 2017 reprĂ©sente 83% des patients Ă©trangers. Cependant, ces consultations, rapportĂ©es Ă l’ensemble de celles rĂ©alisĂ©es par les Ă©tablissements de santĂ© publique dominicains, ne comptent que pour environ 5 % des consultations rĂ©alisĂ©es Servicio Nacional de Salud, 2017. 14Les statistiques de l’hĂ´pital public RamĂłn MatĂas Mella situĂ© Ă DajabĂłn renseignent cependant un peu mieux sur l’utilisation de ses services par des d’origine haĂŻtienne. Ainsi, selon les donnĂ©es disponibles pour 2014-2016, les auraient frĂ©quentĂ© cette structure de soins pour des maladies comme la tuberculose, la malaria, le cholĂ©ra, la dengue figure 3. De plus, 35% des femmes ayant accouchĂ© Ă l’hĂ´pital RamĂłn MatĂas Mella sont d’origine haĂŻtienne figure 3. Figure 3 Cas traitĂ©s Ă l’hĂ´pital provincial de DajabĂłn de 2014 Ă 2016 15Sur l’ensemble des haĂŻtiennes venues accoucher, la moitiĂ© d’entre elles rĂ©sident en HaĂŻti et l’autre moitiĂ© en RĂ©publique dominicaine. Il convient de relever le fait que i plus des deux tiers 68 % des sont originaires de localitĂ©s frontalières situĂ©es au sud de Ouanaminthe ; ii celles-ci ont Ă©tĂ© rĂ©fĂ©rĂ©es Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn par des centres de santĂ© dominicains – proche de leur lieu de rĂ©sidence – oĂą elles s’étaient rendues initialement. Parallèlement, 32 % d’entre elles viennent de diffĂ©rentes villes haĂŻtiennes figure 4 Ouanaminthe, Fort-LibertĂ©, Trou du Nord, Cap-HaĂŻtien, GonaĂŻves, et mĂŞme Port-au-Prince la capitale situĂ©e Ă plus de 300 km. Dans ce cas les se rendent directement Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn pour leur accouchement. Cela dit, des informations complĂ©mentaires auraient Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour mieux cerner les raisons portant des femmes Ă faire un aussi long trajet notamment dans les cas de rĂ©sidence dĂ©clarĂ©e Ă Port-au-Prince ou au GonaĂŻves 162 km. Figure 4 Distribution selon le lieu de rĂ©sidence dĂ©clarĂ© des patientes haĂŻtiennes ayant accouchĂ© Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn entre 2014 et 2016 16La perception de la population dominicaine par rapport Ă la prĂ©sence haĂŻtienne est pour le moins contrastĂ©e allant du rejet Ă l’acceptation discours l’assimilant Ă une invasion », acceptation utilitaire bĂ©nĂ©fice Ă©conomique, stĂ©rĂ©otypes empreints de prĂ©jugĂ©s antihaĂŻtiens, compassion Dilla Alfonso, 2011 ; Murray, 2010a. Dilla Alfonso 2011 souligne que de toutes les villes frontalières, DajabĂłn est celle oĂą la perception Ă l’encontre des HaĂŻtiens est la plus ambiguĂ« et inconsistante ». Il existe aussi une perception nĂ©gative des Dominicains notamment chez les HaĂŻtiens et HaĂŻtiennes des villes frontalières haĂŻtiennes ; celle-ci est fondĂ©e sur leur expĂ©rience de la frontière abus, agressions verbales et physiques, exactions, confiscation de marchandises, etc. Murray, 2010a, 2010b. 17Les contradictions et l’asymĂ©trie des interactions soulignent les enjeux de la redĂ©finition de l’espace frontalier pour en faire un espace de coexistence et de coopĂ©ration » Dilla Alfonso et al., 2010 ; Petrozziello & Wooding, 2014 ; Wooding, 2012. Des Ă©carts dans l’offre de soins et les ressources disponibles 18Au cours des annĂ©es 1990, une rĂ©forme du système de santĂ© a Ă©tĂ© initiĂ©e en HaĂŻti en vue d’amĂ©liorer l’accès Ă la santĂ© et le rendre plus Ă©quitable. Une structure pyramidale composĂ©e de trois niveaux de soins primaire, secondaire et tertiaire avec un système de rĂ©fĂ©rence et contre-rĂ©fĂ©rence a Ă©tĂ© mise en place figure 5. L’offre de soins est assurĂ©e par les secteurs public et privĂ©. Figure 5 Pyramide de soins 19Les statistiques rĂ©centes 2017 du Ministère de la SantĂ© publique et de la population MSPP en HaĂŻti rĂ©vèlent une forte prĂ©sence du secteur privĂ© Ă but lucratif dans le secteur de la santĂ©. En effet, environ 30% des Ă©tablissements au niveau national sont administrĂ©s par le secteur privĂ© Ă but lucratif, 17% par le secteur privĂ© Ă but non lucratif et 19% comptent un système de gestion mixte privĂ© et public Ministère de la SantĂ© Publique et de la Population, 2018. La situation en matière d’offre de soins Ă Ouanaminthe ne diffère pas de celle observĂ©e sur l’ensemble du territoire national. Selon les donnĂ©es collectĂ©es sur le terrain 2016-2017 et celles du MSPP, le secteur privĂ© domine largement. En effet, sur les sept structures de soins identifiĂ©es figure 6 six sont privĂ©es et une publique. Le centre de santĂ© de Ouanaminthe qui fait office, selon des responsables du MSPP, d’hĂ´pital communautaire de rĂ©fĂ©rence HCR ne compte pas pour autant tous les services correspondant Ă cet Ă©chelon notamment ceux relatifs Ă la mĂ©decine interne. Le Centre de santĂ© de Ouanaminthe offre les services de base mĂ©decine gĂ©nĂ©rale, pĂ©diatrie, gynĂ©cologie, VIH et Tuberculose, centre de cholĂ©ra, rĂ©habilitation, maternitĂ©, imagerie Ă©chographie et rayon X, salle d’opĂ©ration pour gynĂ©cologie/obstĂ©trique, urologie, laboratoire. Figure 6 Distribution des structures de soins Ă Ouanaminthe et DajabĂłn 20En HaĂŻti, le manque de professionnels de santĂ© est flagrant avec seulement 6,3 professionnels pour 10 000 habitants, soit un ratio bien en dessous du seuil minimal suggĂ©rĂ© par l’Organisation mondiale de la santĂ© OMS 25 pour 10 000. La situation au niveau du dĂ©partement du Nord-Est – dont Ouanaminthe est la ville principale – est loin d’être diffĂ©rente avec un ratio de 6,7 Ministère de la SantĂ© Publique et de la Population, 2018, p. 44. La RĂ©publique dominicaine compte 28,2 professionnels de santĂ© pour 10 000 habitants, un ratio nĂ©anmoins bien en dessous de la moyenne rĂ©gionale des AmĂ©riques qui est de 82,6 World Health Organization, 2018. 1 En 2017 le taux moyen Ă©tait 1 euro = 53,62 pesos ; 1 dollar amĂ©ricain = 47,54 pesos. 21 De plus, les ressources budgĂ©taires allouĂ©es au secteur de la santĂ© en HaĂŻti sont limitĂ©es et reprĂ©sentaient moins de 5% du budget rectificatif national pour 2016-2017 Institut HaĂŻtien de l’Enfance -IHE/Haiti & ICF, 2018 contre 12% en RĂ©publique dominicaine en 2017 Ministerio de Hacienda, 2017a, 2017b. Le Service national de SantĂ© SNS de la RĂ©publique dominicaine estime que l’attention mĂ©dicale fournie aux Ă©trangers en 2017 consultation, accouchements, suivi prĂ©natal, les soins fournis dans le cadre des programmes de VIH-SIDA et de Tuberculose reprĂ©sente un investissement total de 2,98 milliards de pesos dominicains, soit l’équivalent de 55,56 milliers d’euros1 Servicio Nacional de Salud, 2017. 22En RĂ©publique dominicaine, le secteur privĂ© est aussi prĂ©sent Rathe & MolinĂ©, 2011. La ville de DajabĂłn compte un hĂ´pital public de 30 lits niveau 2 et deux cliniques privĂ©es offrant des services spĂ©cialisĂ©s comme gynĂ©co-obstĂ©trique, mĂ©decine interne, services de laboratoire, de radiologie et d’échographie. Tous ces Ă©tablissements sont proches de la frontière dans un rayon de moins d’un kilomètre, ce qui les rend relativement accessibles aux habitants de Ouanaminthe figure 6. MĂ©thodes MĂ©thodes et collecte de donnĂ©es 23Cette Ă©tude repose sur une approche qualitative descriptive Sandelowski & Barroso, 2006. Elle s’appuie sur le recours Ă plusieurs mĂ©thodes combinĂ©es Ă savoir l’observation de terrain et la conduite d’entretiens semi-directifs Olivier de Sardan, 2008. Les entretiens ont Ă©tĂ© conduits en mai 2016 et juin 2017. Des entretiens exploratoires informels ont Ă©tĂ© menĂ©s mai 2016 prĂ©alablement afin d’identifier les cliniques privĂ©es de DajabĂłn et Ă©tablir les contacts avec celles-ci. Les entretiens avec les 24Au cours d’un premier sĂ©jour de terrain d’une durĂ©e de 15 jours en mai 2016, avec l’aide d’informateurs clĂ©s travaillant dans une organisation non gouvernementale ONG basĂ©e Ă Ouanaminthe et travaillant sur la frontière haĂŻtiano-dominicaine, 2 personnes ont pu ĂŞtre identifiĂ©es pour des entretiens. Au cours d’un deuxième terrain d’une durĂ©e de 15 jours en juin 2017, des entretiens auprès d’un corpus de 19 personnes frĂ©quentant les cliniques privĂ©es n=17 et l’hĂ´pital public de DajabĂłn n=2 ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Au total, 21 personnes ont Ă©tĂ© interrogĂ©es. Contrairement Ă ce qui Ă©tait initialement prĂ©vu, en raison des difficultĂ©s pour obtenir des rĂ©fĂ©rences de Ă travers les rĂ©seaux et contacts disponibles Ă Ouanaminthe, les personnes ont Ă©tĂ© identifiĂ©es en les approchant directement sur les diffĂ©rents lieux de consultation cliniques privĂ©es et hĂ´pital public avec l’accord prĂ©alable des responsables de ces institutions. 25Ce changement de stratĂ©gie a permis une observation pĂ©riodique des structures de soins, des fluctuations en termes d’affluence, de clientèle, du temps d’attente, des interactions entre la clientèle et le personnel mĂ©dical ou de soutien. Le point d’ancrage Ă©tant Ă Ouanaminthe, il fallait traverser la frontière tous les jours Ă pied ou en voiture. Ceci a permis de mesurer au quotidien ce que reprĂ©sentait la mobilitĂ© pour les en quĂŞte de soins de l’autre cĂ´tĂ© de la frontière. L’ensemble de ces observations Ă©taient consignĂ©es dans un journal de terrain. Les difficultĂ©s Ă la frontière, le temps mis pour traverser, les interactions des HaĂŻtiens avec les officiels militaires ou civils, etc. sont autant d’élĂ©ments qui permettent une mise en contexte. 26Les entretiens avec les comprenaient les sections suivantes 1 leur itinĂ©raire thĂ©rapeutique ; 2 Ă quel moment, ils ont pris la dĂ©cision de venir en consultation Ă DajabĂłn ; 2 les motifs et la manière dont la dĂ©cision a Ă©tĂ© prise ; 4 comment ils ont eu connaissance de la clinique ou de l’hĂ´pital ; 5 leurs perceptions de la qualitĂ© des soins reçus en HaĂŻti et en RĂ©publique dominicaine ; 6 expĂ©rience de la frontière pratique, difficultĂ©s rencontrĂ©es, etc.. Les entretiens avec les sont menĂ©s en crĂ©ole. Ils ont, dans leur grande majoritĂ©, eu lieu sur place clinique ou hĂ´pital car, les tentatives pour rejoindre les personnes ciblĂ©es une fois qu’elles avaient quittĂ© les structures de soins s’étaient soldĂ©es Ă plusieurs reprises par des Ă©checs par manque de disponibilitĂ© de ces personnes ou dĂ» Ă des difficultĂ©s de communication tĂ©lĂ©phonique. 27Sur l’ensemble des 23 personnes approchĂ©es, deux ont refusĂ©. Les 21 autres ont donnĂ© leur consentement verbal pour rĂ©pondre aux questions après avoir pris connaissance de l’objectif de la recherche, mais 19 d’entre elles ont refusĂ© que l’entretien soit enregistrĂ©. Les entretiens ont Ă©tĂ© menĂ©s par la première auteure et se sont dĂ©roulĂ©s dans un endroit retirĂ© de la salle d’attente, Ă l’exception de trois d’entre eux deux ont eu lieu sur le lieu de travail et un sur le lieu de rĂ©sidence. Les entretiens avec les cliniciens et gestionnaires 28Sept entretiens semi-structurĂ©s ont Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s auprès de mĂ©decins des cliniques privĂ©es et hĂ´pital public Ă DajabĂłn n=4 et des mĂ©decins du Centre de santĂ© de Ouanaminthe et du ministère de la SantĂ© publique et de la population d’HaĂŻti n=3. Sur les sept entretiens, trois ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s. Ces personnes ont Ă©tĂ© contactĂ©es directement sur leur lieu de travail. L’objectif de ces entretiens Ă©tait entre autres de collecter des informations sur les l’organisation du système de santĂ©, les structures de soins et leur fonctionnement, la frĂ©quentation des institutions de santĂ© dominicaines par une clientèle haĂŻtienne, les modalitĂ©s d’accès aux soins, l’existence de collaboration ou de rĂ©fĂ©rence mĂ©dicale entre HaĂŻti et la RĂ©publique dominicaine. Ces entretiens ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en espagnol avec les en français et/ou en crĂ©ole avec les au grĂ© de leurs prĂ©fĂ©rences et de la dynamique de l’entretien. Analyse des donnĂ©es 29Pour renforcer la rigueur et la crĂ©dibilitĂ© des rĂ©sultats, nous avons adoptĂ© un processus d’analyse thĂ©matique itĂ©ratif. Les notes ou les enregistrements des entretiens auprès des des cliniciens et gestionnaires ont tous Ă©tĂ© retranscrits dans leur langue originale par la première auteure et traduits lorsque nĂ©cessaire du crĂ©ole ou de l’espagnol vers le français. Le processus d’analyse comprenait la codification manuelle des donnĂ©es, un tableau synthèse en fonction des diffĂ©rentes catĂ©gories thĂ©matiques dĂ©finies initialement, un tableau pour Ă©tablir le profil des la connaissance de langue, leur expĂ©rience de la frontière, leur activitĂ© Ă©conomique. De ce processus, d’autres catĂ©gories thĂ©matiques ont Ă©mergĂ© et des regroupements en sous-catĂ©gories ont Ă©tĂ© effectuĂ©s. ConsidĂ©rations Ă©thiques 30Chaque participant a Ă©tĂ© contactĂ© directement et une description du projet par Ă©crit leur a Ă©tĂ© fournie. Une fois, la description du projet fournie, leur consentement Ă©crit ou verbal leur a Ă©tĂ© demandĂ©. Cette recherche a reçu l’approbation du ComitĂ© d’Éthique de l’Institut National de la Recherche Scientifique INRS. RĂ©sultats Profil des patientes et patients, des cliniciens et gestionnaires 31Sur les 21 personnes ayant acceptĂ© de participer Ă la recherche, 12 vivent Ă Ouanaminthe. Les autres habitent dans des villes ou localitĂ©s voisines 4 au Cap-HaĂŻtien, 1 Ă Fort-LibertĂ©, 1 Ă Limonade, 1 Ă Ti Lori, une localitĂ© rurale du Centre et 2 n’ont pas donnĂ© leur lieu de rĂ©sidence. La clientèle de ces structures de soins de DajabĂłn durant la pĂ©riode au cours de laquelle les entretiens ont Ă©tĂ© effectuĂ©s Ă©tait surtout composĂ©e de femmes, d’enfants, de personnes âgĂ©es et très peu d’hommes. Notre corpus le reflète avec 14 femmes, 1 mère avec un nourrisson, 3 parents avec enfants et 3 hommes dont un âgĂ©. 32D’une manière gĂ©nĂ©rale, la plupart des personnes venues en consultation dans les deux cliniques ou Ă l’hĂ´pital Ă©taient accompagnĂ©es soit d’un parent ou d’un proche ami, voisin. Le point de passage frontalier officiel est celui utilisĂ© par l’ensemble des patients et patientes pour se rendre aux Ă©tablissements de santĂ©. Les contrĂ´les sont variables et dĂ©pendent du jour jour de marchĂ© ou pas, du contexte situation de tensions ou pas au moment de la traversĂ©e, de la pratique de la frontière par les usagers. Le moyen de transport le plus utilisĂ© est la moto ou un taxi-moto. 33Les personnes ont presque toutes une pratique rĂ©currente de la frontière ; soit elles vont s’approvisionner Ă DajabĂłn, soit elles ont une activitĂ© Ă©conomique en lien avec le marchĂ© binational » de DajabĂłn commerce, transport de marchandises, soit elles travaillent dans une organisation qui mène des activitĂ©s sur la problĂ©matique frontalière. La majoritĂ© des patients et patientes dĂ©clarent avoir une activitĂ© et donc un revenu. ItinĂ©raire thĂ©rapeutique et mobilitĂ© transfrontalière Des cheminements pluriels 34Les entretiens ont permis de retracer partiellement l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique en amont de leur consultation Ă une clinique ou un hĂ´pital Ă DajabĂłn. Les diffĂ©rents rĂ©cits recueillis dĂ©crivent succinctement les structures de soins frĂ©quentĂ©s tant en HaĂŻti et en RĂ©publique dominicaine en lien avec leur problème de santĂ© Ă l’instant t. Parfois, celui-ci remonte Ă plusieurs annĂ©es et a fait l’objet d’un cheminement dĂ©jĂ complexe et sinueux. Pour certains, il s’agit de la première visite, pour d’autres ce sont des visites de suivi mĂ©dical. Enfin, d’autres viendront en consultation soit pour un problème ponctuel, soit pour un examen. 35Le cas d’une femme rĂ©sidente de Limonade – ville situĂ©e Ă environ 52 km de la frontière – venue en consultation Ă une clinique de DajabĂłn pour des douleurs rĂ©currentes illustre bien la sinuositĂ© de l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique. Ses deux premières visites ont Ă©tĂ© effectuĂ©es dans deux Ă©tablissements de soins haĂŻtiens distincts respectivement public et privĂ©, relativement proches de son lieu de rĂ©sidence et qu’elle a coutume de frĂ©quenter. Après trois ans, elle dĂ©cide de faire une consultation Ă clinique de DajabĂłn, pour retourner ensuite Ă Trou du Nord HaĂŻti, le point de dĂ©part de son parcours, oĂą elle fait des analyses et une nouvelle consultation. La première fois oĂą j’ai ressenti la douleur, j’ai Ă©tĂ© en consultation Ă Trou du Nord, on m’a dit que c’était un kyste, un fibrome. C’était en 2014. On m’a donnĂ© des mĂ©dicaments et j’ai suivi le traitement. Depuis trois ans, la douleur persiste. J’ai alors Ă©tĂ© en 2016 Ă l’hĂ´pital Ă Carrefour La mort [du cĂ´tĂ© haĂŻtien proche de Limonade] […]. Ils disent n’avoir rien trouvĂ© et m’ont donnĂ© des mĂ©dicaments pour soulager la douleur. La douleur est revenue. Je suis venue Ă cette clinique [de Dajabon]. C’est la première fois [que je viens Ă la clinique de Dajabon] […] J’ai des analyses Ă faire. Je les ai faites lundi Ă Trou du Nord […] » Femme, clinique privĂ©e de DajabĂłn 36Cumuler, pour un mĂŞme problème de santĂ© ou des symptĂ´mes s’étalant dans la durĂ©e, des consultations auprès de diffĂ©rentes structures de soins, voire combiner mĂ©decine traditionnelle et biomĂ©decine, est une pratique courante en HaĂŻti. Les raisons Ă©voquĂ©es par les personnes concernĂ©es pour un tel comportement sont diverses comme la recherche d’une seconde opinion ou l’habitude. Je vais toujours en consultation dans deux endroits », dira une patiente pour souligner qu’il s’agit d’une pratique courante chez elle et qu’elle ne se contente pas de l’avis d’un seul mĂ©decin. Pour d’autres en revanche, avoir un dossier dans plusieurs cliniques en HaĂŻti mĂŞme quand un suivi rĂ©gulier est rĂ©alisĂ© chez un mĂ©decin Ă DajabĂłn est une façon de mettre toutes les chances de leur cĂ´tĂ©. Il s’agit d’une mesure de prudence en cas d’urgence et d’impossibilitĂ© de traverser la frontière, d’un comportement judicieux selon les propos d’une personne du corpus. Un monsieur signale avoir amenĂ© sa femme suivie dans une clinique privĂ©e Ă Dajabon en consultation une fois au Centre de santĂ© de Ouanaminthe et aussi une fois Ă l’hĂ´pital de Fort-LibertĂ©, au cas oĂą un problème surviendrait en pleine nuit. Il s’agit, selon lui, d’une prĂ©caution pour parer Ă toute Ă©ventualitĂ© face aux alĂ©as de la frontière. 37Il existe nĂ©anmoins des cas de rupture » complète avec le système de santĂ© haĂŻtien comme cette patiente qui, après une mauvaise expĂ©rience lors d’une hospitalisation pour un Ă©pisode d’hypertension et d’accident vasculaire cĂ©rĂ©bral dans une clinique privĂ©e de Ouanaminthe, est hospitalisĂ©e plusieurs jours dans une clinique privĂ©e de DajabĂłn oĂą elle effectue depuis son suivi mĂ©dical. Je suis venue […] au mois de mai 2016. Depuis, je ne vais plus en consultation en HaĂŻti. Aujourd’hui, je suis venue pour mon rendez-vous de suivi […] Je viens chaque deux ou trois jours [pour contrĂ´ler la tension artĂ©rielle] » Femme, clinique privĂ©e de DajabĂłn. 38Enfin, certains des mĂ©decins dominicains de cliniques privĂ©es de DajabĂłn rencontrĂ©s signalent qu’ils rĂ©fèrent parfois leurs patientes Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn, notamment quand celles-ci ont des difficultĂ©s Ă©conomiques et qu’une intervention chirurgicale doit ĂŞtre envisagĂ©e. La rĂ©fĂ©rence Ă l’hĂ´pital public de DajabĂłn peut, lorsque la complexitĂ© du cas le requiert, aboutir Ă une rĂ©fĂ©rence Ă un hĂ´pital du troisième niveau, Ă Santiago qui se trouve Ă 135 km Ă l’est de la ville de DajabĂłn. Des Ă©vidences pour un tel type d’itinĂ©raire n’ont pas pu ĂŞtre collectĂ©es sur le terrain. NĂ©anmoins, une personne rencontrĂ©e Ă une clinique privĂ©e de DajabĂłn indique y avoir Ă©tĂ© rĂ©fĂ©rĂ©e par une clinique privĂ©e de Ouanaminthe pour une Ă©chographie. Le mĂ©decin de la clinique de DajabĂłn lui indique qu’elle doit se rendre Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn pour son traitement. Le personnel de l’hĂ´pital de DajabĂłn refuse la traiter et lui explique qu’elle doit retourner en HaĂŻti pour son traitement. Cette femme retourne voir le mĂ©decin de la clinique de DajabĂłn pour obtenir de ce dernier une rĂ©fĂ©rence qui lui permettrait d’être admise et traitĂ©e Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn. Ainsi, cette patiente s’est retrouvĂ©e Ă faire des allers-retours Ă DajabĂłn entre une clinique privĂ©e et un hĂ´pital public pour recevoir finalement un traitement. Ce cas illustre les difficultĂ©s auxquelles font parfois face les pour obtenir des soins en RĂ©publique dominicaine. 39Force est de constater par ailleurs que, peu de personnes dĂ©clarent avoir frĂ©quentĂ© le centre de santĂ© de Ouanaminthe. Les motifs d’un tel Ă©vitement sont divers comme on le verra plus loin. Les personnes rencontrĂ©es ont plutĂ´t tendance soit Ă consulter des cliniques privĂ©es en HaĂŻti Ouanaminthe et villes avoisinantes, Ă se rendre directement dans des hĂ´pitaux rĂ©putĂ©s » de la rĂ©gion Trou du Nord, Milot, parfois Fort-LibertĂ© pour ensuite, selon le cas se rendre dans une clinique privĂ©e de DajabĂłn ou Ă l’hĂ´pital public de cette ville. La rupture avec les structures de soins en HaĂŻti ne semble pas dĂ©finitive. 40Au regard de ces mobilitĂ©s thĂ©rapeutiques individuelles reliant deux systèmes de santĂ© originellement disjoints, il convient de s’interroger sur le rĂ´le de la frontière dans cette mobilitĂ© d’une part et de cerner d’autre part, comment l’obstacle qu’elle pourrait reprĂ©senter est surmontĂ©. La gestion de la frontière un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant de la mobilitĂ© thĂ©rapeutique 41La durĂ©e des trajets pour se rendre Ă DajabĂłn ne semble pas constituer un obstacle Ă la mobilitĂ© thĂ©rapeutique des patients et patientes. En effet, plusieurs des personnes rencontrĂ©es n’habitent pas Ă proximitĂ© de la frontière. Plusieurs d’entre elles font un trajet d’une heure et demie Ă deux heures, voire de trois heures, pour une visite mĂ©dicale d’environ 30 minutes Ă DajabĂłn, ou pour simplement rĂ©cupĂ©rer des rĂ©sultats d’analyses mĂ©dicales. Cela ne tient pas compte du temps requis pour traverser la frontière. Celui-ci est variable, allant de 15 minutes environ en temps normal Ă une heure, voire plus les jours de marchĂ© selon l’affluence. D’autres facteurs conjoncturels conflits, augmentation du niveau de contrĂ´le du cĂ´tĂ© dominicain, etc. peuvent causer des dĂ©lais dans le passage de la frontière. 42Une femme habitant Ă Limonade, une ville situĂ©e Ă environ 50 km de la frontière, raconte avoir quittĂ© sa rĂ©sidence Ă 6 h du matin pour arriver Ă la clinique Ă 8 h 30, après avoir passĂ© une heure Ă la frontière Ă attendre l’ouverture de la barrière Ă 8 h. Une autre indique avoir fait trois heures Ă moto pour sortir de Tilori, une localitĂ© rurale haĂŻtienne situĂ©e Ă une cinquantaine de kilomètres au sud de Ouanaminthe, et se rendre en consultation Ă DajabĂłn. Pour elle, cependant, DajabĂłn reprĂ©sente une option plus avantageuse et accessible physiquement que l’hĂ´pital de Hinche HaĂŻti situĂ© Ă environ 64 km de son lieu de rĂ©sidence. Et ceci, en tenant compte des alĂ©as en lien avec l’offre du service du cĂ´tĂ© haĂŻtien spĂ©cialiste absent, Ă©quipement en panne, etc., venir en consultation, faire des analyses ou chercher des rĂ©sultats peut impliquer de mobiliser une journĂ©e complète. Ainsi, certaines personnes dĂ©clarent profiter de leur dĂ©placement pour s’approvisionner Ă DajabĂłn ou rĂ©gler certaines choses en lien avec leurs activitĂ©s professionnelles ou personnelles. D’autres viendront spĂ©cifiquement pour leur visite mĂ©dicale. 43Mais, dans certains cas, le dĂ©placement peut ĂŞtre de longue durĂ©e plusieurs jours, notamment dans le cas d’une hospitalisation. Une patiente raconte avoir Ă©tĂ© hospitalisĂ©e près d’une dizaine de jours Ă une clinique privĂ©e de DajabĂłn. Une telle situation entraĂ®ne des dĂ©placements continus des allers-retours quotidiens pour les membres de sa famille associĂ©s Ă la gestion de la thĂ©rapie. J’ai Ă©tĂ© hospitalisĂ©e pendant neuf jours. Ma cousine est restĂ©e avec moi durant mon hospitalisation. Chaque jour, Maman m’envoyait de la nourriture » Femme, Clinique privĂ©e de DajabĂłn. 44 Cependant, il faut souligner que la gestion de la frontière par les autoritĂ©s tend Ă contraindre la mobilitĂ© et Ă moduler, Ă certains Ă©gards, la dimension temporelle de celle-ci. Les dĂ©placements Ă travers le point de passage officiel sont limitĂ©s dans le temps, soit la durĂ©e d’ouverture journalière de la frontière qui est de 9 heures du lundi au samedi de 8 Ă 17 h et de 7 heures dimanche de 9 Ă 16 h. La fermeture de la frontière est parfois imprĂ©visible ; elle dĂ©pend des conjonctures nationale et locale. Ainsi, l’ouverture peut ĂŞtre dĂ©calĂ©e de plusieurs heures ou un conflit peut occasionner sa fermeture anticipĂ©e. Durant les observations de terrain en juin 2017, l’ouverture de la frontière a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©e une fois d’environ trois heures avec une forte prĂ©sence militaire du cĂ´tĂ© dominicain. Les raisons de cette fermeture temporaire sont mĂ©connues et Ă notre connaissance, aucune communication officielle n’a Ă©tĂ© diffusĂ©e. Les contrĂ´les frontaliers, notamment du cĂ´tĂ© dominicain, sont cependant plus importants, et ceci, depuis 2 Ă 5 ans environ, selon les mĂ©decins et gestionnaires interrogĂ©s. Les jours de marchĂ©, les lundis et vendredis, les flux Ă la frontière sont particulièrement denses plus de 30 mille personnes, selon des estimations non officielles, font des allers-retours. Ceci complique la circulation piĂ©tonne et motorisĂ©e et de ce fait, le passage. Contrairement aux autres jours, les HaĂŻtiens et les HaĂŻtiennes peuvent traverser librement » la frontière les jours de marchĂ©, mais les gardes dominicains » en uniforme ou en civil sont omniprĂ©sents particulièrement dans les limites du pĂ©rimètre du marchĂ© ; ils surveillent ceux qui tenteraient d’aller au-delĂ . La tension est vive. Ces journĂ©es sont ponctuĂ©es de conflits divers et de fouilles effectuĂ©es par les militaires dominicains sur des vendeurs et vendeuses d’origine haĂŻtienne se terminant soit par des exactions ou la confiscation des marchandises. Certaines des personnes rencontrĂ©es ont d’ailleurs dĂ©clarĂ© Ă©viter de venir en consultation Ă DajabĂłn les jours de marchĂ© ; il y a trop d’encombrements Jou mache yo gen twòp ankombreman » dĂ©clare une femme venue du Cap-HaĂŻtien pour une consultation Ă DajabĂłn. 45Ces contrĂ´les tendraient Ă affecter les flux selon certains. Un mĂ©decin dominicain d’une clinique privĂ©e de DajabĂłn dont une part relativement significative de la clientèle est haĂŻtienne signale avoir constatĂ© depuis cinq ans une baisse dans le flux de patients haĂŻtiens qu’il explique par ce durcissement Ă la frontière. Une opinion que partage un responsable du MSPP. Maintenant, il y a un ralentissement dans le flux des gens qui traversent vers la frontière pour aller en RĂ©publique dominicaine, mais, eh… eh… parce que bon… il y a cette tension qui existe depuis tantĂ´t deux ans entre HaĂŻti et la RĂ©publique dominicaine. Mais, dans le temps, les gens pour un oui ou pour un non traversaient pour aller chercher des soins en RĂ©publique dominicaine » Responsable MSPP. 46Mais les avis sont partagĂ©s en ce qui trait Ă l’évolution de l’affluence de d’origine haĂŻtienne. En effet, un mĂ©decin dominicain travaillant dans une autre clinique privĂ©e estime en revanche qu’il y aurait eu, au cours des dernières annĂ©es, une hausse du nombre de d’origine haĂŻtienne imputable Ă une amĂ©lioration des relations haĂŻtiano-dominicaines. L’amĂ©lioration des relations haĂŻtiano-dominicaines favorise une augmentation des entrĂ©es de ressortissants haĂŻtiens qui viennent pour des soins mĂ©dicaux ici, non seulement en gynĂ©cologie, mais dans tous les domaines » MĂ©decin, Clinique privĂ©e de DajabĂłn. 2 Ces tensions dĂ©coulent autant de mesures phytosanitaires prises par les autoritĂ©s haĂŻtiennes lesque ... 47 Ces points de vue reflètent les diffĂ©rences de perception existant au sein des sociĂ©tĂ©s haĂŻtiennes et dominicaines quant aux relations entre les deux pays. Il convient de souligner que celles-ci, au cours des quinze dernières annĂ©es, ont connu des moments de tension2 parallèlement au dĂ©veloppement d’une coopĂ©ration transfrontalière encore embryonnaire projets financĂ©s par des organisations internationales ou des initiatives d’acteurs locaux divers. 48Traverser la frontière est gĂ©nĂ©ralement compliquĂ© pour les Toutefois, certaines personnes, incluant celles ne disposant pas de papiers passeport ou visa, affirment ne pas rencontrer de difficultĂ© majeure pour traverser. Pour un mĂ©decin dominicain, la majoritĂ© des gens qui traversent la frontière ont des documents lĂ©gaux et pourtant, ils n’échappent pas aux pressions. Selon ce mĂ©decin, il y aurait des gens intĂ©ressĂ©s Ă venir, mais qui y renoncent. Les rĂ©cits de plusieurs personnes montrent en effet que des nĂ©gociations sont souvent nĂ©cessaires. De l’argent est parfois soutirĂ© Ă certains. Quand on traversait, on ne voulait pas nous laisser passer. Nous avons dit que nous allions Ă l’hĂ´pital et on nous a laissĂ© rentrer. Nous avons payĂ© 100 pesos [1,86 €] plus le prix du transport » Femme, clinique privĂ©e de DajabĂłn. 49En fait, il s’agit d’une dynamique Ă gĂ©omĂ©trie variable dont la lecture est parfois difficile. Elle donne lieu Ă un sentiment d’injustice comme en tĂ©moignent les propos ci-après. Il n’est pas question de personne en situation de lĂ©galitĂ© ou d’illĂ©galitĂ©, le Dominicain, ne respecte personne […] lĂ oĂą un dĂ©linquant peut ĂŞtre Ă l’aise pour rentrer, toi qui as des papiers, tu ne l’es pas. Parce que toi qui as des papiers, les gens te tiraillent ici et lĂ , ils te dupent, te font perdre du temps, te disent des choses dĂ©sagrĂ©ables, tu dois faire plein de dĂ©clarations pour passer bien que tu aies un passeport, que tu aies un visa et que tu aies passĂ© l’immigration. Et le dĂ©linquant […] c’est lui l’ami des chefs, il passe comme il veut, quand il veut, lĂ oĂą il veut » Homme, parlant de son expĂ©rience avec sa femme. 50Ceci montre les difficultĂ©s auxquelles sont confrontĂ©es les pour passer la frontière et rĂ©vèle par ailleurs le dĂ©calage dans les niveaux contrĂ´les exercĂ©s ainsi que l’existence de rĂ©seaux favorisant le dĂ©veloppement de trafics ou pratiques frauduleuses. Ainsi, dans un contexte oĂą lĂ©galitĂ© et corruption s’entremĂŞlent, oĂą la migration demeure une Ă©pineuse question, les populations locales mobilisent compĂ©tences et rĂ©seaux sociaux pour se rendre Ă DajabĂłn et tenter de trouver une solution Ă leurs problèmes de santĂ©. Mobilisation du rĂ©seau social et de compĂ©tences diverses 51L’analyse des entretiens montre que des compĂ©tences diverses doivent ĂŞtre mobilisĂ©es par les et leurs proches pour traverser la frontière. 52Premièrement, les personnes rencontrĂ©es viennent rarement seules en consultation. Les enfants et les personnes âgĂ©es sont Ă©videmment accompagnĂ©s de leurs parents père, mère, enfants. Les femmes, quant Ă elles, s’organisent pour venir en groupe avec des amies ou des connaissances ou accompagnĂ©es de leur conjoint ou de leur mère. S’il est difficile, compte tenu du nombre rĂ©duit de personnes rencontrĂ©es d’en dĂ©duire un modèle de comportement, on peut faire l’hypothèse que des prĂ©cautions semblent ĂŞtre prises pour traverser la frontière. Autrement dit, pouvoir mobiliser des contacts, des connaissances HaĂŻtiens ou Dominicains semble constituer un atout pour traverser la frontière et se faire soigner en RĂ©publique dominicaine. Une femme est venue dans la voiture d’un ami. Une autre accompagnant son fils pour qu’on lui mette un plâtre a Ă©tĂ© conduite Ă moto par un voisin de nationalitĂ© dominicaine. Habitant une communautĂ© rurale situĂ©e dans le DĂ©partement du Centre en HaĂŻti plus au sud de DajabĂłn, Ă proximitĂ© de la frontière, elle indique avoir fait un voyage d’environ 4 heures avec son fils. 53Deuxièmement, le choix de consulter Ă DajabĂłn repose rarement sur une connaissance fine ou prĂ©alable du système de santĂ© dominicain. Sur l’ensemble des personnes, seules deux ont dĂ©clarĂ© avoir vĂ©cu pendant un temps en RĂ©publique dominicaine. Par consĂ©quent, les dĂ©cisions semblent plutĂ´t rĂ©sulter du bouche-Ă -oreille », entre autres du partage par des tiers amis, connaissance d’expĂ©riences positives, de la connaissance par un proche du système de santĂ© dominicain ou d’informations provenant de personnes travaillant dans le secteur. Un monsieur raconte que c’est au cours d’une conversation entre amis qu’ils, lui et sa femme, ont eu des informations sur une clinique privĂ©e de DajabĂłn. 54Troisièmement, l’expĂ©rience de la frontière constitue un atout non nĂ©gligeable Ă deux niveaux i des contacts et une pratique pouvant faciliter le passage de la frontière ; ii une connaissance mĂŞme rudimentaire de la langue. En effet, le vĂ©cu de la frontière permet d’être reconnu des gardes dominicains », avoir un savoir-faire et savoir sur quelle ficelle tirer en cas de difficultĂ©. Je n’ai pas de problème pour traverser, je vends ici tous les jours. Je vends au marchĂ© avec un dominicain. Je n’ai pas eu de problème pour traverser avec l’enfant parce qu’on me connaĂ®t, mais ces jours-ci, les enfants ne traversent pas » Femme, accompagnant son enfant, HĂ´pital de DajabĂłn. 55 Ces propos montrent comment cette femme, grâce Ă sa pratique de la frontière, a pu contourner les dispositifs de surveillance mis en place pour limiter le trafic d’enfants. En principe, un adulte accompagnĂ© d’un mineur ne peut pas traverser sans autorisation. Il est intĂ©ressant de souligner par ailleurs que sur l’ensemble des personnes rencontrĂ©es, la grande majoritĂ© comptait avec une expĂ©rience de la frontière, souvent en lien avec le marchĂ© de DajabĂłn. Je travaille sur la frontière » dira l’une des personnes. Une autre indique ĂŞtre venue avec quelqu’un travaillant Ă l’une des cliniques et dit N’était-ce de cette personne, nous n’aurions pas pu rentrer. Nous avons payĂ© 200 gourdes [2,78 €] pour rentrer ». Ainsi, les moins habituĂ©s mobilisent des contacts avec lesquels ils traversent ou qui peuvent les aider Ă surmonter les obstacles auxquels ils sont confrontĂ©s lors de leur passage. Les rĂ©cits montrent donc l’importance Ă la fois du savoir-traverser acquis avec la pratique de la frontière capital spatial et du rĂ©seau social capital social dans la mobilitĂ© transfrontalière. 56Quatrièmement, la connaissance de l’espagnol est un avantage pouvant s’avĂ©rer utile dans les nĂ©gociations Ă la frontière. Mais, sa mĂ©connaissance n’est pas vĂ©cue comme une contrainte. En effet, celles et ceux qui dĂ©clarent parler espagnol sont peu nombreux n=3 alors que plusieurs disent comprendre l’espagnol sans pour autant le parler soit une maĂ®trise incomplète de la langue. Un cas probant est celui d’une femme ne parlant pas l’espagnol qui est accompagnĂ©e de sa mère qui, elle, d’après ses dires, se dĂ©fendait ». Ainsi donc, l’accompagnateur connaissance ou membre de la famille peut servir d’interprète le cas Ă©chĂ©ant. 57Compte tenu ces contraintes, qu’est-ce qui motive les personnes interrogĂ©es Ă aller chercher des soins Ă DajabĂłn ? Le recours transfrontalier aux soins pourquoi traverser ? RĂ©fĂ©rence mĂ©dicale ou bouche-Ă -oreille » 58La rĂ©fĂ©rence mĂ©dicale, soit l’orientation d’une structure de soins publics haĂŻtienne vers une dominicaine, n’existe pas formellement entre HaĂŻti et la RĂ©publique dominicaine. C’est l’avis des mĂ©decins dominicains et haĂŻtiens rencontrĂ©s. Le protocole au sein du système de santĂ© publique haĂŻtien ne permet, selon un mĂ©decin haĂŻtien, de rĂ©fĂ©rer un patient Ă l’étranger. Ceci n’empĂŞche qu’un mĂ©decin peut, si le patient dĂ©sire se faire soigner dans un autre pays, prĂ©parer un rapport avec les informations indispensables pour le suivi ou la rĂ©alisation d’examens plus poussĂ©s. Cela Ă©tant, les rĂ©fĂ©rences mĂ©dicales institutionnelles ou formelles sont rares aux dires des mĂ©decins dominicains. Les rĂ©fĂ©rences sociales » – Ă©quivalent au bouche-Ă -oreille » – sont bien plus courantes comme l’indique ce mĂ©decin dominicain d’une clinique privĂ©e de DajabĂłn Les rĂ©fĂ©rences sont plutĂ´t sociales, l’un dit Ă l’autre. Il y a quelques rĂ©fĂ©rences mĂ©dicales, mais peu nombreuses. La rĂ©fĂ©rence est informelle surtout pour l’échographie. 90% des femmes viennent au dĂ©but de leur grossesse » MĂ©decin, clinique privĂ©e de DajabĂłn. 59Un responsable du MSPP, tout en reconnaissant l’absence d’un système de rĂ©fĂ©rence formelle entre les deux pays, souligne que la pratique peut ĂŞtre conditionnĂ©e par des urgences mĂ©dicales, notamment des cas demandant une prise en charge immĂ©diate et un traitement spĂ©cialisĂ©. Non, on ne fait pas de rĂ©fĂ©rences, […] parfois on est obligĂ© d’écrire les notes de rĂ©fĂ©rence pour la RĂ©publique dominicaine […] on n’a pas un système de rĂ©fĂ©rence formel avec la RĂ©publique dominicaine. Mais, […] on sait qu’il y a dĂ©jĂ des cas […] que de toute façon il faut les rĂ©fĂ©rer vers la RĂ©publique dominicaine. Par exemple, s’il y a un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral, on rĂ©fère la personne directement en RĂ©publique dominicaine parce qu’on sait qu’il n’y aura pas une bonne prise en charge de notre cĂ´tĂ© Ă moins d’envoyer la personne jusqu’à Port-au-Prince Ă [l’hĂ´pital] Bernard Mevs. Mais, sinon en RĂ©publique dominicaine Ă deux heures de la frontière, la personne sera dĂ©jĂ dans un hĂ´pital de Santiago oĂą on peut faire une bonne prise en charge […] » Responsable MSPP. 60Mais, prendre la dĂ©cision de se faire soigner Ă DajabĂłn semble, le plus souvent, ĂŞtre une dĂ©cision individuelle ou familiale ou ses proches. Les rĂ©cits des mettent en lumière le rĂ´le des proches dans la gestion de la thĂ©rapie et l’influence subsĂ©quente sur l’itinĂ©raire thĂ©rapeutique. Plusieurs facteurs interviennent dans la prise de dĂ©cision dont l’expĂ©rience positive de proches, les informations obtenues d’amis ou de connaissance. 61 Une dame dĂ©clare par exemple avoir Ă©tĂ© amenĂ©e en consultation Ă DajabĂłn par son mari ; ce dernier, ayant vĂ©cu en RĂ©publique dominicaine, connaissait la clinique. Une autre personne raconte comment ses parents ont pris la dĂ©cision de l’amener Ă DajabĂłn alors qu’elle Ă©tait hospitalisĂ©e Ă une clinique privĂ©e de Ouanaminthe Ils voulaient me garder, mais ma mère et mon père ont pris la dĂ©cision de m’amener ici […] ma mère vient aussi en consultation ici ». De plus, les informations obtenues et les expĂ©riences partagĂ©es peuvent porter le patient Ă choisir une clinique plutĂ´t qu’une autre. Une femme indique que c’est une sèvant» servante, personne frĂ©quentant la mĂŞme Ă©glise qu’elle qui l’a rĂ©fĂ©rĂ©e Ă une clinique spĂ©cifique de DajabĂłn ; une autre dĂ©clare que sa voisine l’a mise en contact avec quelqu’un travaillant Ă l’une des cliniques de DajabĂłn. En dĂ©finitive, les informations circulent Ă travers diffĂ©rents canaux, diffĂ©rents rĂ©seaux. Un monsieur raconte l’expĂ©rience de son père qui, quoiqu’ancienne entre 2005 et 2007, illustre bien la diversitĂ© des sources d’informations dans le recours transfrontalier aux soins. On a eu l’information qu’un groupe de spĂ©cialistes dominicaines allait opĂ©rer gratuitement [des patients souffrant de hernie] Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn […] c’est Ă l’Église que l’annonce a Ă©tĂ© faite […] une liste a Ă©tĂ© dressĂ©e par les responsables de l’Église. Mon père est parti avec eux […] il n’a eu aucune formalitĂ© Ă remplir ». 62Force est de constater qu’en amont du choix, l’évaluation des rĂ©sultats obtenus au cours des Ă©tapes antĂ©rieures de l’itinĂ©raire par le patient et ses proches pèse dans la prise de dĂ©cision. Beaucoup des tĂ©moignages recueillis rĂ©vèlent en effet que la recherche de rĂ©sultats traitement efficace, guĂ©rison, etc. est au centre des prĂ©occupations des patients et patientes. La quĂŞte de rĂ©sultats 63L’itinĂ©raire thĂ©rapeutique, comme l’indiquent la plupart des rĂ©cits, commence en HaĂŻti. La dĂ©cision de se rendre Ă DajabĂłn dĂ©coulerait plutĂ´t d’une mauvaise expĂ©rience en lien avec le diagnostic ou la thĂ©rapie ou de l’absence de rĂ©sultats Ă l’issue du traitement reçu. Les mĂ©decins dominicains interrogĂ©s estiment que les cliniques de DajabĂłn seraient le dernier recours après un long itinĂ©raire thĂ©rapeutique avec peu ou sans rĂ©sultats dans les cliniques/hĂ´pitaux en HaĂŻti. Beaucoup d’entre eux viennent parce […] qu’ils ont Ă©tĂ© traitĂ©s et n’ont pas eu [ou] vu d’amĂ©lioration. Par consĂ©quent, ils cherchent une autre […] option, une autre opinion » MĂ©decin, clinique privĂ©e DajabĂłn. 64Le rĂ©cit de plusieurs patients souligne effectivement ce long pĂ©riple, cette quĂŞte de rĂ©sultats et comment les cliniques Ă DajabĂłn apparaissent comme la » solution. Au regard de leurs dĂ©clarations quant aux raisons d’une telle dĂ©cision, rezilta » rĂ©sultats est un leitmotiv n=10. En guise d’exemple, le rĂ©cit d’un couple qui, après plusieurs tentatives non concluantes Ă Ouanaminthe, Ă Fort-LibertĂ© et au Cap-HaĂŻtien Ă près de 65 km au nord-ouest de Ouanaminthe, choisit de se rendre en consultation Ă DajabĂłn. […] nous avons eu 4 expĂ©riences dĂ©jĂ ici, Ă Ouanaminthe, Ă Fort-LibertĂ© et au Cap-HaĂŻtien, nous n’avons malheureusement pas obtenu le rĂ©sultat que nous dĂ©sirions. C’est pour cela que nous Ă©tions toujours Ă la recherche d’un endroit qui pourrait vraiment nous aider […] Et… nous n’étions pas vraiment optimistes quand nous sommes allĂ©s parce que nous avions dĂ©jĂ vu un spĂ©cialiste dans le nord qui nous avait Ă©tĂ© recommandĂ© aussi et qui avait beaucoup de rĂ©sultats, beaucoup de personnes parlaient de lui, et nous aussi sommes allĂ©s lĂ , mais nous n’avons vraiment pas trouvĂ© le rĂ©sultat souhaitĂ© […]. Alors, nous sommes allĂ©s lĂ [une clinique privĂ©e de DajabĂłn] » Homme, clinique privĂ©e de DajabĂłn. 65Mais, les traitements proposĂ©s ne sont pas toujours acceptĂ©s ou le sont avec une certaine rĂ©serve. Deux cas l’illustrent. Le premier est celui d’une femme qui dĂ©cide d’aller Ă une clinique de DajabĂłn pour des douleurs et dĂ©mangeaisons au bras que les mĂ©dicaments prescrits par son mĂ©decin traitant Ă Ouanaminthe ne soulagent pas. Son bras avait Ă©tĂ© plâtrĂ© Ă une clinique privĂ©e Ouanaminthe après un accident de motocyclette. Ă€ DajabĂłn, on lui propose de lui casser Ă nouveau le bras » ; elle dĂ©cide alors de se rendre Ă l’hĂ´pital de Milot, puis de faire la rĂ©habilitation dans un centre privĂ© Ă Ouanaminthe. 66 Le deuxième est celui d’une femme qui a Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e Ă une clinique privĂ©e de DajabĂłn. Selon elle, le mĂ©decin en HaĂŻti aurait eu une approche diffĂ©rente Le dominicain a enlevĂ© l’utĂ©rus, alors que le mĂ©decin en HaĂŻti aurait essayĂ© de faire en sorte de le garder ». Mais, sa peur due, entre autres aux difficultĂ©s pour obtenir du sang si elle Ă©tait opĂ©rĂ©e en HaĂŻti, l’a incitĂ©e Ă privilĂ©gier l’option dominicaine. Elle continue d’ailleurs Ă faire son suivi Ă DajabĂłn. Elle met ainsi l’accent sur un autre motif souvent Ă©voquĂ© par plusieurs personnes, la faiblesse » des services disponibilitĂ© de ressources, d’équipements, d’intrants, etc. comme facteur intervenant dans leur dĂ©cision. Carence de services, manque de ressources, temps d’attente 67 Une femme dĂ©clare d’entrĂ©e de jeu quand la question lui est posĂ©e sur les motifs de sa prĂ©sence En HaĂŻti, il n’y a pas d’hĂ´pitaux, il n’y a pas de services […], pas de services de qualitĂ© », un constat sans appel basĂ© sur une mauvaise expĂ©rience, rĂ©sultant en une aggravation de son Ă©tat de santĂ© dans une clinique privĂ©e de Ouanaminthe. 68 D’autres font valoir le manque de ressources techniques la difficultĂ© pour faire des analyses, une Ă©chographie », tu ne peux pas faire une Ă©chographie, car l’appareil chauffe ». C’est aussi l’absence des mĂ©decins, de techniciens ou tout simplement de services spĂ©cialisĂ©s qui est mise de l’avant. Une personne âgĂ©e habitant Fort-LibertĂ© venue en consultation dans une clinique privĂ©e de DajabĂłn explique Fort-LibertĂ© a un hĂ´pital, mais, il n’est pas bien structurĂ©, il lui manque beaucoup de service de base. J’ai besoin d’un cardiologue ou d’un urologue. Mais il n’y a pas ces services Ă Fort-LibertĂ© » Homme, clinique privĂ©e DajabĂłn. 69 Pourtant, le centre de santĂ© de Ouanaminthe – situĂ© Ă 20 km de Fort-LibertĂ© – compte un urologue selon les informations recueillies auprès d’un responsable dudit centre. La mĂ©connaissance de cette offre de soins spĂ©cialisĂ©s rĂ©sulte peut-ĂŞtre du manque de communication sur les services offerts et disponibles dans la rĂ©gion. Mais, d’une manière gĂ©nĂ©rale les personnes interrogĂ©es au cours de l’enquĂŞte sont peu enclines Ă frĂ©quenter les structures de soins Ă©tatiques, en particulier le centre de santĂ© de Ouanaminthe pour plusieurs des raisons Ă©voquĂ©es plus haut, mais aussi Ă cause de la perte de temps. Le temps d’attente paraĂ®t ĂŞtre, au regard des propos recueillis, un problème constatĂ© au niveau de divers Ă©tablissements publics de soins de la zone. Tu peux passer la journĂ©e et ne jamais recevoir de soins » dĂ©clare une femme concernant par exemple l’hĂ´pital public au Cap-HaĂŻtien. 70 Le temps d’attente serait particulièrement long au centre de santĂ© de Ouanaminthe, voire Ă certaines cliniques privĂ©es de Ouanaminthe qui sont très frĂ©quentĂ©es, selon plusieurs personnes. Au centre de santĂ©, il faut avoir du temps » dit une patiente rencontrĂ©e Ă DajabĂłn. Pourtant, au regard des estimations effectuĂ©es, les doivent mobiliser plusieurs heures une demi-journĂ©e environ pour une consultation dans une clinique privĂ©e Ă DajabĂłn. Dans certains cas, ils arrivent Ă la clinique dès 8h et n’arrivent Ă voir le mĂ©decin qu’aux environs de midi. Selon les informations recueillies et nos observations, les mĂ©decins n’arrivent gĂ©nĂ©ralement pas avant midi, soit après leur travail Ă l’HĂ´pital de DajabĂłn. En cas d’urgence, ils peuvent toutefois ĂŞtre appelĂ©s et arriver avant. Cette attente ne semble pourtant pas dĂ©ranger ceux qui frĂ©quentent les cliniques privĂ©es de DajabĂłn. Pour des relations empathiques 71La relation apparaĂ®t comme une des pierres d’achoppement. Elle influence le degrĂ© de satisfaction ou d’insatisfaction observĂ©e chez les personnes interrogĂ©es. Dans leur rĂ©cit, les quand il leur est demandĂ©, de comparer les services reçus en HaĂŻti avec ceux reçus en RĂ©publique dominicaine DajabĂłn ou Santiago, que ce soit dans le privĂ© ou le public ont une apprĂ©ciation largement plus favorable de l’accueil qui leur est fait en RĂ©publique dominicaine. 72 Plusieurs personnes ont Ă©mis des rĂ©serves quant au suivi rĂ©alisĂ© par les mĂ©decins haĂŻtiens consultĂ©s. Elles ont eu Ă insister sur leur manque de disponibilitĂ© en dehors des heures de consultation, et ce, mĂŞme en cas d’urgence. Une femme commente En HaĂŻti, le mĂ©decin est introuvable en dehors de ses heures de travail. Il est difficile de le trouver mĂŞme quand il y a une urgence ». Sans vouloir gĂ©nĂ©raliser, une personne rencontrĂ©e estime qu’il y aurait moins de nĂ©gligence et que le suivi serait plus serrĂ© chez son mĂ©decin Ă DajabĂłn comparativement Ă ses expĂ©riences antĂ©rieures en HaĂŻti. Le Dominicain ne fait pas de nĂ©gligences. […] il arrive que nous ayons un rendez-vous Ă telle date, tu as un problème […] Il est 10h, ton tĂ©lĂ©phone sonne, ils te font appeler, aujourd’hui tu avais rendez-vous et tu n’es pas venu. Cela montre qu’ils sont toujours en train de suivre le patient de près. Automatiquement qu’un problème se prĂ©sente, ils ont le temps de l’identifier. Mais ici [HaĂŻti], tu vas quand tu veux […] » Homme, clinique privĂ©e DajabĂłn. 73 Le manque d’empathie chez les professionnels de santĂ© en HaĂŻti est soulevĂ© par la plupart des personnes rencontrĂ©es on ne soucie pas de vous », vous n’êtes pas pris en considĂ©ration », le mĂ©decin n’a pas vraiment de patience pour parler au patient. Il ne lui pose pas de question ». Or, la communication est une composante essentielle de la pratique clinique. L’accueil constitue une autre cause d’insatisfaction des patients et patientes frĂ©quentant les structures de santĂ© haĂŻtiennes, en particulier celles qui sont publiques. Les responsables du Centre de SantĂ© de Ouanaminthe sont conscients des failles Ă ce niveau. Selon, eux il y a un problème de formation au niveau du personnel et des efforts devraient ĂŞtre faits en ce sens. L’accueil est un facteur important. Il y a un gros problème de formation continue. Les conditions de travail des employĂ©s dans l’État ne sont pas faciles » Gestionnaire 74 En revanche, aucune des personnes interrogĂ©es que ce soit dans les cliniques privĂ©es ou Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn ne s’est plainte de leurs interactions avec les professionnels de santĂ© dominicains. Les gens m’ont bien accueilli Ă la clinique. Le service est meilleur ». Mais, lors de nos observations, une certaine indiffĂ©rence de la part du personnel de santĂ© Ă l’hĂ´pital public de DajabĂłn Ă l’égard des sollicitant des informations a Ă©tĂ© constatĂ©e. Minn 2004 a d’ailleurs relevĂ© un comportement diffĂ©renciĂ© Ă l’égard des Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn, les relations Ă©tant plus brusques, voire empreints de prĂ©jugĂ©s notamment envers ceux ou celles Ă plus faibles revenus. Les temps d’attente des peuvent, par exemple, ĂŞtre beaucoup plus longs que ceux des Les allers-retours forcĂ©s des entre les structures de soins privĂ©es et publiques dominicaines, comme relatĂ© plus haut, soulignent aussi des diffĂ©rences dans l’attention et l’accueil rĂ©servĂ© aux d’origine haĂŻtienne. Des mĂ©canismes mis en place pour faciliter la communication 75Contre toutes attentes, la barrière linguistique ne semble pas constituer un handicap dans les interactions entre les qui ne maĂ®trisent pas la langue espagnole et les professionnels de santĂ©. Un interprète est mis Ă la disposition de leur clientèle haĂŻtienne par les cliniques privĂ©es de DajabĂłn pour faciliter la communication lors des consultations. Cette intermĂ©diation linguistique semble toutefois ne soulever aucun problème majeur aux ni aux mĂ©decins qui semble s’en accommoder. Une certaine relation de confiance existerait entre interprète/ et mĂ©decin/interprète. 76Deux Ă©lĂ©ments semblent entrer en ligne de compte dans la relation habitude et expĂ©rience. L’habitude permet l’établissement de rapports privilĂ©giĂ©s et la crĂ©ation d’un climat de confiance. La longĂ©vitĂ©, quant Ă elle, donne lieu Ă une expertise et des compĂ©tences apprĂ©ciĂ©es par les Ceci contribue Ă mettre en confiance les qui peuvent alors parler ouvertement au mĂ©decin sans se soucier de la barrière linguistique. Celle-ci n’est pas sans risques comme le souligne un des mĂ©decins dominicains Par exemple, il y a ici un jeune homme qui est interprète […] Il est haĂŻtien et parle très bien la langue. Mais… je le paie parce que je comprends que je ne peux pas avoir une patiente, lui parler et ce qu’elle me rĂ©pond oui, oui, oui ». En plus, j’ai eu des complications avec une patiente parce qu’elle ne comprenait pas comment utiliser un mĂ©dicament. J’ai eu une HaĂŻtienne qui a pris un ovule […] Oui un ovule, un ovule, quelque chose qui va dans le vagin… elle l’a avalĂ© malgrĂ© sa prescription lisible […] puisqu’imprimĂ©e de l’ordinateur. Mais, elle n’a pas compris que c’était pour lĂ . La barrière de langue est parfois dangereuse en mĂ©decine » MĂ©decin, clinique privĂ©e DajabĂłn. 77En l’absence d’interprète, les s’organisent aussi. S’ils ne sont pas accompagnĂ©s d’une personne parlant/comprenant l’espagnol, ils sollicitent l’appui de ou de tiers le cas Ă©chĂ©ant. Une femme venue seule pour une Ă©chographie Ă l’hĂ´pital de DajabĂłn et ne parlant, ni ne comprenant l’espagnol, a dĂ» demander de l’aide dans la salle d’attente pour communiquer et s’orienter. Les techniciens responsables de l’examen, ne s’accordant pas sur le sens d’une information fournie par la patiente, ont cherchĂ© Ă la vĂ©rifier avec une personne, en l’occurrence la première auteure de l’article assise dans la salle d’attente et qui a fait office d’interprète. Un investissement 78Les paient eux-mĂŞmes pour les services de santĂ© consultation, examen, achat de mĂ©dicaments qu’ils contractent Ă DajabĂłn en particulier dans les cliniques privĂ©es. Les coĂ»ts y sont lĂ©gèrement plus Ă©levĂ©s que ceux pratiquĂ©s en HaĂŻti ce, notamment Ă cause du taux de change gourde/peso dominicain peu favorable aux 79Les frais de consultation varient d’une clinique privĂ©e Ă l’autre en HaĂŻti de 750 gourdes 9,90 € Ă 1 500 gourdes 19,82 € contre l’équivalent de 1 320 gourdes 1000 pesos dominicains, soit 18,78 €, Ă une clinique privĂ©e de DajabĂłn. En revanche, une consultation au centre de santĂ© de Ouanaminthe coĂ»te 50 gourdes 0,66 € et une Ă©chographie 300 gourdes 3,96 €. 80Certaines des personnes rencontrĂ©es mentionnent les problèmes d’accessibilitĂ© financière aux soins de santĂ© auxquels elles sont confrontĂ©es. Les contraintes Ă©conomiques sont d’autant plus grandes que les revenus des sont faibles et de ce fait, les moyens financiers mobilisables limitĂ©s. Pour se faire une idĂ©e, il convient de signaler que le revenu d’activitĂ© moyen mensuel en HaĂŻti s’élevait en 2012 Ă 4 830 gourdes, soit 86,85 € Herrera Javier et al., 2014. Le salaire minimum officiel de 300 gourdes 5,39 € par jour 2012 a Ă©tĂ© relevĂ© Ă 500 5,65 € gourdes en 2018, alors que, parallèlement, la gourde s’est considĂ©rablement dĂ©prĂ©ciĂ©e durant cette pĂ©riode. Au regard de ces chiffres, il ressort que les dĂ©penses de santĂ© reprĂ©sentent une part significative du budget du mĂ©nage quand ce dernier doit y faire face ; elles peuvent, le cas Ă©chĂ©ant augmenter la vulnĂ©rabilitĂ© des mĂ©nages les plus pauvres. Les services sont excessivement chers. L’écart dans le change peso/gourde est un problème […] Chaque fois que je viens pour une consultation, je paie 1000 pesos [18,65€]. Pour rĂ©cupĂ©rer des rĂ©sultats, je dois payer 500 pesos [9,32 €]. Si huit jours s’écoulent avant que tu ne viennes chercher les rĂ©sultats, tu dois alors payer 1000 pesos [18,65 €]. Je viens en consultations chaque mois et je dois dĂ©bourser 1000 pesos [18,65€]. Depuis trois mois, je viens en consultation deux ou trois jours par semaine. J’ai dĂ» dĂ©penser 7 400 pesos [138,01 €] pour m’acheter des mĂ©dicaments » Femme, clinique privĂ©e DajabĂłn. 81Les propos de cette patiente montrent clairement l’effort financier consenti pour rĂ©soudre ses problèmes de santĂ© et se faire soigner Ă DajabĂłn. Celui-ci est d’ailleurs reconnu par les mĂ©decins des cliniques privĂ©es de DajabĂłn qui soulignent le sĂ©rieux des quant au paiement de leurs dettes. 82D’un autre cĂ´tĂ©, les Ă l’HĂ´pital de DajabĂłn disent avoir payĂ© pour les soins qui leur ont Ă©tĂ© prodiguĂ©s. En effet, une des patientes rencontrĂ©e et venue se faire soigner pour un problème orthopĂ©dique indique avoir payĂ© 12 000 pesos 223,70 € pour son traitement. Les mĂ©dicaments prescrits ont Ă©tĂ© achetĂ©s Ă Santiago par le mĂ©decin Ă qui elle a remis la valeur Ă cet effet. Les services de radiologie ainsi que la mise en plâtre pour une fracture ont Ă©tĂ© payĂ©s, affirme une autre patiente dont l’enfant avait un bras cassĂ©. Les analyses de laboratoire ont Ă©tĂ© effectuĂ©es Ă l’extĂ©rieur de l’hĂ´pital. Pour les analyses et le plâtre, elle dit avoir dĂ©pensĂ© 2 820 pesos 52,59 €. Discussion et conclusion 83Les rĂ©sultats des entretiens montrent que le recours transfrontalier aux soins comme dans le cas de plusieurs autres pays Bochaton, 2009, 2015 ; Dione, 2013 ; Durham, 2017 ; Liberona Concha et al., 2017 constitue une Ă©tape, parfois l’étape finale, d’un itinĂ©raire thĂ©rapeutique dĂ©butĂ© dans le pays d’origine des patientes ou patients. Il intervient souvent lorsque des rĂ©sultats n’ont pas Ă©tĂ© obtenus dans le pays d’origine. Parfois, les dĂ©cident du recours transfrontalier aux soins sans avoir transitĂ© au prĂ©alable par les structures de santĂ© en HaĂŻti. Dès lors traverser la frontière, indĂ©pendamment de son Ă©loignement, apparaĂ®t comme la solution » en particulier lorsque l’offre de l’autre cĂ´tĂ© semble plus attrayante. Pour ce faire, les doivent pouvoir mobiliser des compĂ©tences diverses comme la familiaritĂ© avec le système de santĂ©, une pratique de la frontière, une connaissance de la langue ainsi que des ressources financières. 84En ce sens, la situation en HaĂŻti diffère peu de celles analysĂ©es dans d’autres contextes Bochaton, 2009, 2015 ; Dione, 2013 ; Liberona Concha et al., 2017. Cependant, une particularitĂ© d’ordre ethnolinguistique est Ă souligner. En effet, contrairement aux autres situations frontalières, il existe une barrière linguistique. Celle-ci est contournĂ©e via un interprète qui sert de passerelle entre les individus et les cultures » il permet d’établir la communication, aux interlocuteurs de se comprendre et d’engager un dialogue L. Tremblay, Brouillet, RhĂ©aume, & Laquerre, 2006. L’interprète peut ĂŞtre soit un parent accompagnant ou un employĂ© de la clinique en RĂ©publique dominicaine. On est donc bien loin des facteurs signalĂ©s dans d’autres Ă©tudes, Ă savoir la langue comme un des Ă©lĂ©ments dĂ©terminants du retour par exemple des migrants mexicains dans leur pays d’origine pour la recherche de soins Horton & Cole, 2011 ; Lee et al., 2010. MalgrĂ© le recours Ă des interprètes, les barrières linguistiques et culturelles peuvent avoir des incidences sur les rĂ©sultats des traitements, tels que signalĂ©s par un mĂ©decin dominicain avec l’exemple d’une patiente ayant avalĂ© un ovule. Or, ces barrières ne sont que peu Ă©voquĂ©es dans la littĂ©rature sur la mobilitĂ© transfrontalière en santĂ©. 85Un facteur de rĂ©pulsion apparaĂ®t dans la relation le manque d’empathie, signalĂ© par d’autres Ă©tudes rĂ©alisĂ©es en HaĂŻti. En effet, Tremblay 1995 dĂ©crit la distance dans les relations, lors des accouchements, le manque d’empathie, voire le mĂ©pris qui caractĂ©rise les relations entre patientes et mĂ©decins dans une zone non loin de Port-au-Prince, la capitale. Des annĂ©es plus tard, dans une autre zone d’HaĂŻti, les font part de leur vĂ©cu et soulignent le manque de considĂ©ration, de prise en compte de leur problème. Parallèlement, ils et elles expriment une certaine satisfaction concernant l’accueil et les interactions avec les mĂ©decins dominicains des cliniques privĂ©es de DajabĂłn. Cependant, le travail de Minn 2004 offre un autre regard notamment en ce qui a trait au traitement rĂ©servĂ© aux d’origine haĂŻtienne Ă l’hĂ´pital public de DajabĂłn. Selon cet auteur, la relation Ă cet hĂ´pital est mĂ©prisante. En ce sens, elle se rapproche de celle attribuĂ©e aux professionnels de santĂ© des structures de soins en HaĂŻti et dĂ©noncĂ©e par les interviewĂ©es. Une Ă©tude plus approfondie sur cette question permettrait de comprendre comment les perceptions mutuelles HaĂŻtiens/Dominicains influencent les interactions entre soignĂ©s/soignants. 86Aucune femme ayant accouchĂ© Ă l’HĂ´pital RamĂłn MatĂas Mella de DajabĂłn n’a pu ĂŞtre interrogĂ©e, ce qui constitue une limite du travail. Il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant de pouvoir cerner les raisons qui conduisent les femmes haĂŻtiennes Ă venir accoucher Ă DajabĂłn plutĂ´t que de le faire Ă Ouanaminthe, mis Ă part le problème de disponibilitĂ© du service. Des femmes qui se dirigent vers des cliniques privĂ©es sont rĂ©fĂ©rĂ©es Ă l’hĂ´pital Ă cause de leur difficultĂ© Ă©conomique. Ce choix de la part du mĂ©decin peut ĂŞtre perçu comme un acte de compassion Minn, 2004, mais aussi comme une exigence Ă©thique notamment dans des cas oĂą une intervention est vitale. 87Les rĂ©seaux sociaux, le bouche-Ă -oreille et la capacitĂ© Ă mobiliser des moyens financiers apparaissent comme des Ă©lĂ©ments importants non seulement dans la prise de dĂ©cision et le choix du lieu de consultation. Les rĂ©seaux sociaux interviennent tant pour faciliter le passage de la frontière que dans la gestion de la thĂ©rapie. Les accompagnateurs et accompagnatrices servent aussi de support moral, de dĂ©fenseur du patient en cas d’abus ou de mauvais traitement Minn, 2004. Ainsi, le rĂ©seau social du patient ou de la patiente lui offre une certaine garantie » en matière de sĂ©curitĂ©, une sĂ©curitĂ© par le nombre » Minn, 2004 pour traverser la frontière, mais aussi pour faire front au sein des structures hospitalières si nĂ©cessaire. Il s’agit d’une dimension peu explorĂ©e dans les Ă©tudes sur la mobilitĂ© transfrontalière en santĂ©. Par ailleurs, l’effort financier consenti par les pour faire face aux dĂ©penses de santĂ© est important et peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un investissement si l’on considère le poids de la santĂ© dans le capital humain. Or, une Ă©tude de la Banque mondiale et de l’Observatoire national de la pauvretĂ© et de l’exclusion sociale 2014 souligne qu’en HaĂŻti les chocs idiosyncrasiques les plus importants sont liĂ©s Ă la santĂ© » et qu’ils affectent notamment les populations plus vulnĂ©rables. Certains auteurs Durham, 2017 signalent les diffĂ©rents mĂ©canismes mis en place par les populations les plus pauvres pour faire face aux dĂ©penses du recours transfrontalier aux soins. Transfert, vente d’actifs, aide de proches, identification de structures de soins publiques fournissant des soins gratuits, etc. sont parmi les stratĂ©gies mobilisĂ©es. Compte tenu, l’importance des transferts dans l’économie haĂŻtienne, on peut penser qu’ils jouent un rĂ´le dans la mobilitĂ© transfrontalière en santĂ©. Cette dimension n’a cependant pas Ă©tĂ© explorĂ©e lors des entretiens et gagnerait Ă ĂŞtre creusĂ©e. La mobilitĂ© transfrontalière en santĂ©, au regard de ces diffĂ©rents aspects, peut aussi contribuer au renforcement des inĂ©galitĂ©s dans l’accès Ă la santĂ©. 88Par ailleurs, une meilleure comprĂ©hension des comportements et des stratĂ©gies individuelles peut aider Ă la dĂ©finition de politiques publiques en santĂ© et Ă une allocation plus adĂ©quate et Ă©quitable des ressources. De mĂŞme, elle peut servir Ă l’élaboration d’un cadre de coopĂ©ration bilatĂ©rale tenant compte des pratiques de mobilitĂ© transfrontalière en santĂ© ainsi que l’épineuse question migratoire entre les deux pays.
distance entre la france et la république dominicaine